Rôle de l’enseignant spécialisé
L’intégration scolaire des enfants ou adolescents d’Institution Médico-éducatif
Le handicap n’est pas inscrit dans la personne : « Un handicapé en tant que tel n’existe pas, mais est le produit d’une interaction constante entre un individu et son environnement » (traité de l’Union européenne sur le statut des personnes handicapées, 7/12/95).
Le handicap n’est pas un état figé, il est évolutif.
Si l’environnement est cause de handicap, il faut le modifier pour favoriser la participation de la personne handicapée dans la société.
La société ne doit pas occulter ses difficultés face aux personnes handicapées en les isolant dans le secteur du médico-éducatif. Chaque enfant ou adolescent a le droit à un accueil et à une scolarisation en milieu ordinaire.
La politique d’intégration menée par l’établissement est plus qu’un outil, il est le symbole de sa volonté de s’ouvrir sur l’extérieur, de ne pas être un lieu marginal coupé de l’extérieur. Elle représente aussi le regard respectueux et ambitieux porté sur l’enfant ou l’adolescent et son devenir.
L’intégration ne doit pas être la simple addition d’un élève dans une école (une augmentation de l’effectif) où chacun en vivant en parallèle de l’autre resterait le même (l’insertion). Il ne s’agit pas non plus de nier la différence, de vouloir rendre semblable (l’assimilation). L’intégration doit être une rencontre, un processus d’interaction, qui modifie à la fois la personne intégrée et l’ensemble intégrant (la classe, l’école).
Les jeunes handicapés seuls ou en groupe sont associés à la vie de l’école, du collège, du lycée : bibliothèque, récréation, cantine, contrat d’aménagement du temps de l’enfant, sorties, etc.
L’intégration de socialisation vise à :
- Développer les compétences transversales.
- Donner la possibilité à la personne handicapée de se montrer, de se découvrir autrement, dégagée du caractère médical induit par l’établissement spécialisé.
- Permettre au jeune d’avoir une représentation de la « normalité » et d’autres modèles identificatoires.
- Renvoyer à travers un vécu en « milieu ordinaire » à la personne handicapée, à sa famille, à l’institution des éléments de la réalité qui l’aideront à se situer dans la société.
- Aller vers une intégration scolaire.
Les objectifs de l’intégration scolaire sont les mêmes que ceux de l’intégration de socialisation, mais y sont associés l’acquisition de compétences disciplinaires.
L’intégration scolaire peut revêtir deux formes :
- L’intégration dans un cycle où les jeunes de l’institution seuls ou en groupe participent à des activités décloisonnées, à des projets de classe, de cycle ou d’école (jeux mathématiques, lecture par groupe de niveau, sorties pédagogiques etc.).
- L’intégration dans la classe où les jeunes de l’institution est intégré dans une classe correspondant à sa tranche d’âge. En fonction de son projet individuel, l’enfant ou l’adolescent participe à une ou plusieurs activités.
La réussite d’une intégration passe inévitablement par l’adhésion à certains principes :
- Les objectifs de l’intégration doivent être clairement identifiés et identiques pour l’ensemble des partenaires (personne intégrée, école, institution, famille).
- Les différents partenaires de l’intégration doivent adhérer au principe que la personne handicapée peut progresser dans son milieu d’accueil.
- La famille doit être le plus possible associée au projet.
- Le milieu d’accueil doit accepter de se modifier sur le plan matériel, humain, relationnel.
- Il doit exister un suivi régulier et une communication constante entre les différents partenaires (enfant ou adolescent intégré, parents, école ou collège, institution).
- Le jeune handicapé doit avoir des capacités à communiquer, c’est à dire à donner une image de lui même socialement acceptable.
- L’intégration ne doit faire souffrir aucun des partis, en commençant évidement par l’enfant ou l’adolescent.
- Le dispositif et le cadre de l’intégration, pour ne pas être détruits, doivent être souples. Ils doivent pouvoir absorber et s’adapter aux transformations de l’enfant ou de l’adolescent intégré.
En tant que membre de l’Education Nationale, l’enseignant spécialisé est le représentant légitime de l’école dans l’institution et de l’institution à l’école, au collège, au lycée ou dans les commissions éducatives. Parce qu’il est le lien entre ces différentes entités, il est le garant logique du projet d’intégration :
- Il rencontre régulièrement et individuellement, de manière formelle ou informelle, à l’école, au collège ou dans l’institution, les enfants ou les adolescents intégrés. Le jeune peut ainsi faire part de ses difficultés, de ses souhaits, de ses inquiétudes, de ses projets. L’enseignant peut aussi, si le jeune ne peut le faire seul, être son porte-parole dans les différentes instances.
- Il peut apporter ou organiser une aide pédagogique ponctuelle (soutien scolaire, méthodologique, organisationnel…) à l’enfant ou l’adolescent intégré.
- Il participe aux synthèses effectuées avec l’équipe pédagogique de l’école, du collège, du lycée qui intègre.
- Il participe aux différentes commissions (CCPE[1] et CCSD[2]).
- Il maintient un contact régulier avec ses collègues, en étant disponible et à l’écoute. Il tente, en tant que tiers, de soutenir, de conseiller, de renseigner, pour éviter que d’éventuelles difficultés passagères puissent dégénérer et mettre en péril le processus d’intégration.
- Lorsque cela est nécessaire, il organise des entretiens avec les parents. Il rend alors compte de l’état du dispositif mis en place, de l’évolution de l’enfant, des objectifs. Il est à l’écoute des réactions et suggestions pour les répercuter auprès des autres partenaires.
- Au sein de l’institution, lors des réunions de synthèse, l’enseignant rend compte des nouveaux éléments, pour que ceux-ci soient repris et analysés en équipe.
- Il participe à l’élaboration du document qui formalise le projet : le PIIS[3].
- Il recherche des solutions, des partenaires, des lieux susceptibles de convenir à l’élaboration de nouveaux projets d’intégration.
- Il réfléchit avec l’équipe pluridisciplinaire de l’institution au bien fondé de projets d’intégration pour de nouveaux jeunes.
L’hétérogénéité des profils, des problématiques des enfants ou adolescents d’Instituts Médico-Educatifs font qu’il n’existe pas un lieu type ou idéal pour intégrer. Toutes les structures de l’Education Nationale sont susceptibles de convenir et donc d’être utilisées. La volonté est de trouver le lieu qui correspond le mieux au projet. Certains critères doivent donc être passés en revue :
- L’âge et/ou la maturité : le groupe dans lequel le jeune va être intégré doit correspondre à l’âge et/ou à la maturité de ce dernier pour qu’il puisse s’épanouir sans être stigmatisé. Bien que des différences de niveau puissent parfois compliquer les choses, des solutions peuvent être trouvées pour que le projet ait du sens pour tous les différents acteurs.
- L’implication de l’enseignant et de l’équipe pédagogique : Elle est une des garanties majeures de la qualité d’accueil du lieu d’intégration.
- La spécialisation de la structure et/ou de l’enseignant d’accueil : les troubles importants de certains jeunes d’institution nécessitent parfois que l’équipe qui intègre soit formée et armée.
- Le profil du groupe d’accueil : la fragilité de certains jeunes d’institution (incapacité de se défendre, propension à se faire manipuler…) fait qu’ils doivent être intégrés dans des lieux protégés.
- La proximité de l’établissement d’accueil par rapport à l’IME et/ou au domicile de l’enfant (en fonction des projets) pour limiter les problèmes de logistiques et faciliter l’autonomie du jeune dans ses déplacements.
- La taille du groupe classe, de l’établissement : en fonction des difficultés des jeunes, il est parfois nécessaire de privilégier des petites structures.
- Les places : malheureusement la réalité fait souvent qu’il n’existe plus de place dans le lieu qui semblerait le mieux convenir.
[1] C.C.P.E. : Commission de Circonscription Préscolaire, Elémentaire
[2] C.C.S.D. : Commission de Circonscription du Second Degré
[3] P.I.I.S. : Projet Individualisé d’Intégration Scolaire : définit et organise les modalités de l’intégration scolaire des enfants handicapés.
Franck CHABERT - http://chabertfranck.free.fr/
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